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Dans un entretien avec Asiyadé Baudouin-Talek, curatrice du festival de poésie-action "Les Écritures Bougées", Pavel Arsenev parle des racines conceptuelles et media-techniques du titre de la revue [Translit] lors d'une rencontre à la Librairie Internationale de Marseille.

AB: Tu as créé la Revue [Translit] en 2005, étant un étudiant de l’université de Saint-Péterbourg, qui s’est rapidement déployée à travers la Russie réunissant une vingtaine de personnes dans son comité de rédaction. Tu sembles toujours te situer dans un entre-deux langues, où la question de la traduction ou des autres systèmes linguistiques sont présents manière sous-jacente. Peux-tu nous expliquer d’où vient le nom de cette revue, qui se rapproche du mot « translitérer » en français qui signifie « Transcription signe par signe d'un système d'écriture en un autre système » ?

PA: Les premières années d’université furent un moment où l’intérêt pour la poésie était déjà conscient : beaucoup d’entre nous étudiaient la littérature. Mais nous existions toujours, non seulement entre deux langues, mais aussi entre deux discours théoriques — voire deux épistémologies, occidentale et orientale —, et même entre deux alphabets, cyrillique et latin, que nous côtoyions dès nos premières bibliographies. Il nous fallait sans cesse migrer entre différents systèmes de pensée et d’écriture.

C’est de là qu’est né le titre Translit. Comme tu l’as remarqué, ce mot n’existe pas vraiment en français, mais tout le monde comprend immédiatement à quelle technique culturelle il renvoie. Pour nous, ce n’était pas seulement une métaphore de l’interculturalité ; c’était tout d’abord une pratique de la communication quotidienne, techniquement et même économiquement conditionnée. En raison des standards GSM, conçus dans les pays anglophones, tous les caractères non latins devaient être recodés en alphabet latin, ce qui doublait la longueur des messages et en augmentait le coût. Pour cette raison, nous préférions écrire nos SMS en caractères latins tout en utilisant des mots/phrases russes translitérés.

Ce fut deuxième expérience d’aliénation de la langue maternelle <après les voyages familiaux dans les pays soviétiques d'où je venais, doutant de plus en plus de la langue que je parlais>. Cette fois l’aliénation était déjà consciente, presque ludique (parce que dans chaque texto nous inventions des mots qui n’existaient pas), mais toujours très pratique. Nous avons compris alors que la translitération n’était pas seulement une astuce pour écrire des SMS moins chers, mais aussi une transfiguration matérielle du signifiant, tout en permettant d'en saisir le sens. Nous découvrions la langue dans sa matérialité technique et sa fonction poétique par le même geste. C’est ainsi que nous avons choisi le titre Translit pour notre revue poétique, qui se concentrait, lui aussi, dès le début sur une poésie media-specifique et une poétologie attentive au médium.

L'intégralité de l'entretien est disponible par ce lien
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Dans un entretien avec Asiyadé Baudouin-Talek, curatrice du festival de poésie-action "Les Écritures Bougées", Pavel Arsenev parle des racines conceptuelles et media-techniques du titre de la revue [Translit] lors d'une rencontre à la Librairie Internationale de Marseille.

AB: Tu as créé la Revue [Translit] en 2005, étant un étudiant de l’université de Saint-Péterbourg, qui s’est rapidement déployée à travers la Russie réunissant une vingtaine de personnes dans son comité de rédaction. Tu sembles toujours te situer dans un entre-deux langues, où la question de la traduction ou des autres systèmes linguistiques sont présents manière sous-jacente. Peux-tu nous expliquer d’où vient le nom de cette revue, qui se rapproche du mot « translitérer » en français qui signifie « Transcription signe par signe d'un système d'écriture en un autre système » ?

PA: Les premières années d’université furent un moment où l’intérêt pour la poésie était déjà conscient : beaucoup d’entre nous étudiaient la littérature. Mais nous existions toujours, non seulement entre deux langues, mais aussi entre deux discours théoriques — voire deux épistémologies, occidentale et orientale —, et même entre deux alphabets, cyrillique et latin, que nous côtoyions dès nos premières bibliographies. Il nous fallait sans cesse migrer entre différents systèmes de pensée et d’écriture.

C’est de là qu’est né le titre Translit. Comme tu l’as remarqué, ce mot n’existe pas vraiment en français, mais tout le monde comprend immédiatement à quelle technique culturelle il renvoie. Pour nous, ce n’était pas seulement une métaphore de l’interculturalité ; c’était tout d’abord une pratique de la communication quotidienne, techniquement et même économiquement conditionnée. En raison des standards GSM, conçus dans les pays anglophones, tous les caractères non latins devaient être recodés en alphabet latin, ce qui doublait la longueur des messages et en augmentait le coût. Pour cette raison, nous préférions écrire nos SMS en caractères latins tout en utilisant des mots/phrases russes translitérés.

Ce fut deuxième expérience d’aliénation de la langue maternelle <après les voyages familiaux dans les pays soviétiques d'où je venais, doutant de plus en plus de la langue que je parlais>. Cette fois l’aliénation était déjà consciente, presque ludique (parce que dans chaque texto nous inventions des mots qui n’existaient pas), mais toujours très pratique. Nous avons compris alors que la translitération n’était pas seulement une astuce pour écrire des SMS moins chers, mais aussi une transfiguration matérielle du signifiant, tout en permettant d'en saisir le sens. Nous découvrions la langue dans sa matérialité technique et sa fonction poétique par le même geste. C’est ainsi que nous avons choisi le titre Translit pour notre revue poétique, qui se concentrait, lui aussi, dès le début sur une poésie media-specifique et une poétologie attentive au médium.

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