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Nouveau numéro et projet [Translit]: Printed matter in exile a donné naissance à un séminaire éponyme à la Sorbonne Université.
TAMIZDAT: Printed matter in exile?
Nous pouvons interpréter le titre du séminaire de deux manières. D’un côté, à la suite de la phase active de la guerre et de l’émigration, une grande partie des auteurs originaires d’Ukraine, de Biélorussie et de Russie se sont retrouvés en exil et cherchent des formes d’expression de cette expérience. Néanmoins, la question du choix de la langue et du médium n’est plus seulement formelle : elle devient politique, car ces textes ne peuvent être publiés dans leur propre pays, tandis qu’en exil la langue de publication est elle-même remise en question.
Il peut s’agir de la continuation du travail littéraire et théorique en langue maternelle en exil, mais la question du médium demeure : que signifie publier dans sa langue maternelle pour une communauté qui se trouve dans une nouvelle situation – une atmosphère institutionnelle dispersée, répartie entre différentes capitales européennes, comme les branches d’un métro géant, mais qui continue sa coopération et sa lutte ? Il peut résulter que le choix de la langue d’écriture dépend non seulement des habitudes ou des besoins internes de l’auteur, mais aussi du médium imposé par l’exil et des enjeux de la réception dans son contexte géoculturel.
D’un autre côté, la question peut être posée autrement : aujourd’hui, le printed matter n’est plus un simple moyen neutre de communication, comme les autres, mais un choix non évident du support de diffusion des textes – un médium spécifique qui s’apparente à un genre littéraire et à une technique artistique. Une partie des pièces de collection conservées dans les musées de l’avant-garde porte en sous-titre printed matter. En même temps les « lettres à la rédaction », les « discussions de rédaction » et d’autres genres de parole deviennent possibles précisément grâce à ce format.
Pour se faire connaître aujourd’hui, il n’est probablement plus nécessaire de passer par un objet aussi encombrant qu’une revue ; un simple blog peut suffire. Ainsi, le printed matter, parmi les options disponibles, est associé à une temporalité particulière de réflexion et d’écriture, au rythme de la discussion et au choix conscient d’une communication différée. Enfin, la publication papier en tant qu’artefact devient une pièce de collection prête à être conservée (ou une preuve matérielle). C’est un cas où la culture matérielle elle-même tend vers une articulation d’archives. <...> Ou bien printed matter, en tant que médium, est-il, lui-même, déjà en exil ?
Le séminaire adopte une forme expérimentale : toutes les deux semaines, nous organiserons des rencontres avec des auteurs vivants et écrivant en exil, ou avec des chercheurs étudiant ce type d’écriture. Si, au cours de ces discussions avec les participants du séminaire, nous arrivons à la nécessité de donner naissance à cet artefact – une édition papier – alors notre réflexion prendra cette forme. Au lieu de dramatiser de nouvelle vague de l’émigration politique, nous souhaitons nous concentrer sur la spécificité médiatique de son écriture – non pas sur « l’empreinte de l’exil », mais sur l’impression en exil.
Séminaire est organisé par l’UMR Eur’Orbem (Sorbonne Université/CNRS): Pavel Arsenev, Marina Pantina.
Jeudi, de 15h00 à 17h00 / Institut d’études slaves (9, Rue Michelet)
La prochaine rencontre aura lieu le 20 mars avec
Roman Utkin (Wesleyan University) et autour de son livre “Charlottengrad: Russian Culture in Weimar Berlin”.
“Trial emigration” & les enjeux géopositionelle de la parole dans le “Berlin des années vingt”.
Event
Programme complet pour ce trimestre via le lien
BY [Транслит]

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